Avec les cours, les concerts et les réunions qui se déroulent en ligne, le monde virtuel gagne en importance. Comme les gens y passent de plus en plus de temps, ils souhaitent être mieux représentés. Ils veulent que leurs avatars soient à leur avantage. Vous connaissez peut-être quelqu’un qui a payé une somme conséquente pour un pack d’arrière-plans Zoom ou une lampe circulaire pour mieux éclairer son visage à l’écran. La mode virtuelle n’est qu’une étape sur cette voie numérique.
Ces deux dernières années, l’industrie de la mode s’est intéressée à cette intersection entre le numérique et le physique et s’y est développée, ce qui a donné naissance à trois facettes de la mode numérique :
- Phygital : la mode numérique est conçue pour produire des vêtements physiques.
- Combinaison du physique et du numérique : il s’agit de la mode numérique qu’une personne peut porter en utilisant la réalité augmentée ou virtuelle.
- Entièrement numérique : il s’agit d’une mode numérique qui est vendue directement à un avatar.
Le metaverse concerne les deux derniers types : les vêtements combinés physiques et numériques et les vêtements entièrement numériques.
La collaboration avec l’industrie du jeu est essentielle pour les maisons de mode, car elle représente une opportunité économique considérable et leur permet de nouer une relation plus profonde avec la génération GenZ. Le jeu passionne également les créateurs car il permet d’explorer l’identité et de montrer des parties de soi que l’on ne ferait pas normalement dans le monde physique. C’est la liberté et la créativité à son zénith.
Parmi les collaborations célèbres dans cet espace, citons : Balenciaga et Fortnite qui s’associent pour concevoir des skins et d’autres accessoires, Burberry et Tencent qui travaillent ensemble pour les skins de ses personnages Honor of Kings. La plupart de ces coentreprises offrent également aux acheteurs la possibilité de mettre la main sur un vêtement physique, comme une pièce exclusive en édition limitée figurant dans le jeu.
Une entreprise qui a véritablement embrassé le métavers est Fabricant. Adopteuse précoce, elle a travaillé aux côtés de Cryptokitties pour concevoir la robe Iridescence, la première robe au monde exclusivement numérique, qui a ensuite été vendue en 2019 pour 9500 dollars lors d’une vente aux enchères. Cette robe inédite basée sur la technologie blockchain a été créée numériquement à partir de matériaux réels, laissant espérer qu’un jour sa version réelle existerait.
L’espace de la mode numérique n’a fait que croître depuis cette vente aux enchères. Il a également trouvé son chemin vers le mouvement de protestation. Carlings, une marque de détaillants, a sorti son T-shirt “The Last Statement”, qui peut afficher divers messages politiques par le biais d’un téléphone, mais reste simple à l’œil nu.
Et bien sûr, si vous êtes sur Instagram, alors vous avez peut-être rencontré les posts de modèles numériques et d’influenceurs. L’une des influenceuses les plus notables, Miquela Sousa, qui publie souvent des vidéos Tik Tok ou des posts Instagram de sa “vie” dans des vêtements de marque, est un avatar géré par Brud, une startup basée à Los Angeles qui prétend être spécialisée dans l’intelligence artificielle et la robotique.
Cette “adolescente” au visage couvert de taches de rousseur a plus de deux millions de followers sur Instagram et un total de 1,5 million de streams sur Spotify pour deux de ses singles pop. De nombreux experts supposent que Brud envisage de déplacer Miquela d’Instagram vers un réseau social construit par Brud, où chacun peut créer et utiliser son propre modèle CGI en fonction de ses besoins.
Cela signifierait que les entreprises armées de la technologie de Brud n’auraient plus besoin d’engager des influenceurs pour leurs produits, mais d’en créer un à la place.

Une version numérique du sac Dionysus de Gucci s’est vendue sur la plateforme de Roblox Corp. pour environ 4 115 dollars, soit plus que le prix de l’article réel.
La numérisation de la mode est incontestablement intéressante, car nous commençons à nous demander ce qui attend le secteur à l’avenir. Les vêtements ont toujours été destinés à être portés dans la vie réelle, et les restituer en pixels n’est pas la même chose. Offrir un sens du toucher crédible, la sensation de la soie douce, par exemple, grâce à la rétroaction haptique, sera un défi pour faire de la mode une expérience immersive.
Toutefois, cette voie présente l’avantage que l’ensemble du processus de création d’une robe sera écologique, contrairement à la fast fashion.
Après tout, les costumes sont destinés à la caméra, alors pourquoi pas ?